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L' Ô de l'anneau (Printemps des Poètes 2024, Douarnenez)

  Face à la mer   j’accueille les embruns    et j’ouvre grand la bouche   pour embrasser son eau.   Je me glisse en apnée    entre l’écume et le sable    Je frôle les algues, caresse les coraux.   Je deviens poisson J’ondule et j’ondoie, libre laminaire à la dérive   qui jouit et se noie    dans un anneau de soleil.  

La grâce en haïku : La Vieille

La vieille Souffle un vent léger voyageur aux doigts d’écume dans sa chevelure

L'IMMUABLE (... Montagne Sainte Victoire)

                                       (juillet 2021, poème oublié dans ma voiture) L'IMMUABLE   Elle est monceau de marnes grises    qu'étouffe un ciel ingrat.   Au soleil, elle ploie    sous le poids    de ses pans de craie.     Au loin dans les vignes    les roches arides    sont lavées de bleu    et le ciel fuit. Je le poursuis   sans me retourner jusqu'au prochain  été.

JAMAIS ELLE NE SAURA

 À Emmanuelle    Jamais elle ne saura si la marée l’a emporté dans ses bras, si de la tête il a heurté un rocher froid.   Repose en paix mon frère. Sur les vieilles pierres s’ouvrent  deux volets bleus,  couverture du douloureux livre de sa vie.  Jamais elle ne saura… mp

FLOT DE PLEINE LUNE

  12/10/2023   FLOT DE PLEINE LUNE (Inondations du 20 septembre en Libye, 11 000 morts) Il a fait si clair cette nuit-là Le jour à l’envers, nul bruit.   L e sanglier, l’effraie, ont déserté la forêt.   Survit l’insecte se repaissant de sang.   Des humains affamés emportés par les flots, on ne voit plus que les mains qui crient.   Beauté du jour à jamais engloutie Qui désormais peuplera mes nuits ?

Thiery Amadi

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Thierry AMADI, premier violoncelle solo de l'Orchestre de Monte Carlo Max Bruch et Richard Strauss, 5 mai 2023 à l'Opéra de Nice  

PARTAGE

  Parfois je sors   de mon adorable prison  pour aller voir la mer. Gigantesques constructions  dense circulation  hargne, excitation.   Comme nuées de moustiques  filent les insupportables trottinettes les piétons zigzaguent en milieu de chaussée, mains à hauteur de visage,  devant les yeux leur écran de portable.   Vrombissements pestilentiels ...et mon regard enfin peut embrasser la mer. Mais les yachts sont à l’ancre trois rangées de containers qui cachent même le ciel.    Je plonge dans l’eau claire  frôle le sable, fouille les algues. La tiède surface est un tropique le fond  glacial un pôle sublime     Tout près du bord  d’informes créatures se mêlent sournoises, aux poussières des floraisons qui s’agglutinent sombrent et se noient.   Comme moi flottant entre deux eaux  des salpes

ES-TU

  Es-tu ce voyou voyageur attentionné qui parles aux mésanges ?   Es-tu Poulbot poulain effronté que rien ne dérange ?   Es-tu ce Gavroche glaneur des marées à la gouaille étrange ?   Tu es le protecteur le lanceur de défis l’amoureux des dunes et des eaux vives   l’agile rat qui se faufile entre les vagues et sous la roche   qui recueille à toute heure en sa main            les petits cœurs.

DEUX VOYAGES EN ARCS DE CERCLE

  Un train se hisse vers le nord étire ses rails à toucher l’océan. En gare il fait grincer le fer.   Au gré de sa courbe l’oiseau cueille un collier d’îles et jette ses filets bleus sur la mer.   Des doigts se tendent d’est en ouest. Par-delà les montagnes un arc se bande   pour qu’entre les roseaux s’ouvrent des marais et dans tes yeux s’imprime la couleur de l’eau.